L'EGLISE MONOLITHE
Le village de Gurat est situé sur une ancienne route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Le bourg reste marqué par les différentes étapes de l’histoire comme en témoigne son monument historique le plus remarquable : l’église monolithe. L’héritage populaire a laissé cet édifice religieux sous l’invocation de Saint Georges.
Il est possible de retrouver des monuments similaires mais de plus grande importance à Aubeterre et Saint-Emilion. Ces deux édifices permettent d’apporter des éléments à la lecture historique de l’église monolithe de Gurat.
Celle-ci est un ensemble architectural complexe aménagé dans les flancs rocheux en-dessous du bourg actuel.
Il reste difficile d’établir une histoire clairement définie de ce site. En effet, les traces écrites qui témoignent du lieu ne remontent pas au-delà du XVIII° siècle.
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Les premières recherches
L’inscription au répertoire des Monuments Historiques en 1963 permet la réalisation des premières études sérieuses de l’église monolithe de Gurat.
Elles ont été effectuées par le chercheur canadien Michael Gervers au cours des années 1960 et 1970. Il met à jour des ossements et des sépultures, des pièces du XIII° siècle et des objets qui attestent de l’utilisation des lieux. Il attribue la fondation du site à une communauté religieuse entre les IX° et XI° siècles.
C’est à cette période que se développe un réseau d’églises et de communautés au sein de l’Occident Chrétien. Le XI° siècle correspond aussi à la période de construction de l’église Saint-Roch de Gurat.
Pour Michael Gervers, pendant la guerre de Cent Ans, le site connait une destruction partielle. Le lieu est totalement abandonné au moment de la guerre de Religions au XVI° siècle.
D’après une légende locale, les cloches de l’Eglise furent enlevées et cachées dans une source, « le trou de Gabard ». Malgré les prières des fidèles, ces cloches n’ont jamais refait surface.
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Les recherches récentes et redéfinition du site
En 2014, l’église a été classée au titre des Monuments Historiques en raison de la rareté de ce type de patrimoine religieux. Ce classement permet de lancer une deuxième campagne de fouilles en 2017 et 2018. L’équipe de Mylène Navetat, à travers ses recherches, a procédé à une autre lecture du site.
L’aménagement du lieu permet de dire, qu’il ne fait aucun doute, à ce jour, que la salle principale de l’ensemble architectural était consacrée à la fonction liturgique.
Grâce à la découverte d’une nouvelle tombe en 2018, les chercheurs ont déterminé que l’église monolithe Saint-Georges de Gurat aurait été construite entre la fin du XI° siècle et le début du XII° siècle.
Les chercheurs ont ainsi établi que cet édifice religieux et celui d’Aubeterre ont été construits de manière simultanée et très rapprochée dans le temps. Du fait de sa petite taille et de son inachèvement, l’église Saint-Georges aurait été inspirée de sa contemporaine d’Aubeterre.
Les études récentes des églises monolithes d’Aubeterre et de Saint-Emilion permettent de mieux définir l’utilisation de celle de Gurat. Ces églises n’ont pas pour but de célébrer le culte public. Il s’agirait probablement de sites religieux consacrés aux cultes privés.
Des aménagements extérieurs complètent l’ensemble monumental. Nous pouvons distinguer la présence d’une habitation avec des annexes agricoles ainsi que des espaces funéraires à l’extérieur de l’église.
Malgré la mise au jour d’une nouvelle sépulture, il reste difficile d’établir une chronologie précise. La fonction liturgique du lieu aurait été abandonnée à la fin du Moyen Age, vers le XV° siècle.
L’église a ensuite eu d’autres fonctions. Les individus ont utilisé l’endroit pour faire des réserves de nourritures comme l’atteste la présence de silos dans la pièce en contre-haut de l’accès principal. L’église a également servi de grange pour abriter du bétail.
Pour conclure, il semble que l’endroit n’a pas abrité de communauté religieuse. Désormais, il paraît plus évident de parler d’un site semi-troglodytique où les hommes ont su s’approprier le site comme lieu de vie.
Sur les éléments observés, aucune habitation troglodytique n’a été recensée. Il ne semble pas traditionnel de creuser sa maison dans la roche à Gurat. Cette observation est similaire pour les sites d’Aubeterre-sur-Dronne et de Saint-Emilion.
Ainsi, l’ensemble du site semble plutôt être utilisé pour des aménagements de type annexe de stockage, annexe agricole ou encore espace artisanal comme en témoignent les différents agencements tout le long de la paroi rocheuse.
Les cloches de l'église monolithe de Gurat
Le récit de ces cloches est rapporté de manière écrite par l’auteur Jean-Pierre Veyrat. Selon la légende, l’église Saint-Georges est impulsée par Saint Cybard, évêque d’Angoulême (504-581), lors d’une campagne d’évangélisation. La pauvreté des habitants est telle qu’ils ne peuvent pas payer un bâtiment conséquent pour honorer le Christ. Le saint les incita à avoir un lieu de culte simple.
Les habitants creusent alors dans la roche en contrebas du petit hameau qu’était Gurat au VI° siècle. Saint Cybard souhaite dédier l’église par le saint du jour où l’édifice est terminé. Le bâtiment se termine le 23 avril, jour de la Saint-Georges.
Le culte dans l’église Saint-Georges ne se pratique plus (ou presque) à partir des guerres de religions (1562-1598). Les huguenots, d’après la légende, décident d’épargner les habitants de la paroisse mais pillent les deux églises. Ces derniers souhaitent prendre les cloches de l’église Saint-Georges, mais ont dû casser la roche pour les enlever. Elles ont été si dures à retirer que les protestants ont préféré les jeter dans le « gabare ».
Une autre légende plus fantastique rapporte lorsque les assaillants ont cassé la roche pour prendre les cloches de l’église Saint-Georges, les cloches se sont envolées.